Longue étape aujourd’hui, trop longue comme je le découvrirai en fin d’après midi.
Les pieds, cela allait. Ils commencent à prendre l’emploi et moi aussi, je commence à savoir quand il ne faut pas les écouter 🙂
Le départ du Faou se fait vers Rumengol, là où il y a une basilique impressionnante, vraiment de toute beauté ! C’est bien simple, je suis rentré, j’ai eu le souffle coupé et j’ai pleuré tellement c’était beau ! Ce chemin arrive à nous mettre, pour ceux qui sont réceptifs, dans un état d’hypersensibilité.
Ce qu’il faut savoir pour le Jacquet, c’est qu’il y a un tampon spécifique à l’endroit et qu’il est possible de loger juste à côté. À mon avis cela vaut le coup si le physique suit, de continuer du Faou jusqu’à Rumengol.
Dans le guide, il y a bien une explication mais dans l’étape précédente, alors que seuls ceux qui font l’extra la lisent. Le lendemain, pas d’infos à nouveau sur l’importance du lieu.
Si je n’avais pas senti l’énergie du lieu et si je n’avais pas vu la porte entrouverte par hasard, je n’y serais pas entré et j’aurais alors raté un des plus forts moments de ce périple.

Second moment fort du jour, ma pause à l’église en ruine du vieux Quimerc’h. Très bel endroit, plein d’énergie lui aussi. J’y ai déjeuné sur l’herbe et cela m’a bien requinqué. C’était d’un paisible…
Si l’étape n’avait pas été aussi longue, j’y aurais fait la sieste 🙂

Troisième beau site, le petit vallon que l’on remonte près de la Douffine (près de la pisciculture). Le arbres ont été rasés (beurk!) mais des qu’on a passe cette zone nue et qu’on revient à nouveau sous les bois, cela redevient magique. Même en marchant à ma vitesse (ce qui est pas bien rapide aujourd’hui, c’était encore trop vite pour le lieu. Il mériterait d’y cheminer très lentement, pour bien profiter des chants d’oiseaux qui se mêlent aux bruissements des ondes. Un coussin, une petite couverture et voici un lieu de méditation magique.

Quelques chemins étaient très bucoliques, comme celui-ci 🙂

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Dans les événements moins positifs, c’est l’humain 🙁
Quand tu vois un gars qui boîte, avec un sac aussi gros que lui sur le dos, faut quand même assumer de lui dire non les yeux dans les yeux quand il tend le pouce pour faire du stop.
Même si tous ne connaissent pas le sens de la coquille bien visible sur le sac, et donc m’assimilent à autre chose qu’un pèlerin, presque 40 minutes de stop sur une départementale passante sans problème pour s’arrêter… C’est bof bof pour le niveau d’humanité d’une bourgade par laquelle passe le chemin de Compostelle.
Heureusement un petit jeune, Terry, passait par là et lui, dans sa petite voiture, à bien voulu s’arrêter puis me charger. Et il a fait plus que me rapprocher, il m’a même emmené jusqu’à mon terminus. 5 petits km si rapides en voiture mais qui sont si longs quand on galère !

Je finirais sur une note positive : les signes. « Il faut les voir, les comprendre et leurs obeir ». Deux exemples concrets :
– j’étais presqu’à cours d’eau (beaucoup de chemin, peu de ville aujourd’hui) et depuis un moment, personne de visible nulle part (jardins, cours, intérieur des maisons, pas une âme qui vive.
À peine je prie pour enfin trouver une présence humaine que je découvre une voiture avec la portière ouverte. Personne de visible mais j’ai pris cela pour un signe et j’ai été sonner la grosse cloche. La propriétaire, qui était en train de promener son chien l’a entendue et est venue me ravitailler… Et fermer sa portière qu’elle avait oublier de fermer 🙂
– en fin de journée, alors que j’allais arriver dans une zone signalée comme très boueuse, et avec le genou qui peine, je vois enfin qqn sur le chemin, chose plus que rare aujourd’hui. Nous discutons un peu, elle me dit bon courage et je repars en claudiquant. Elle est revenue presque courant pour me dire : « si vous prenez ici tout de suite à gauche le sentier, d’ici 15-20 minutes vous serez sur la départementale et pourrez faire du stop. Ainsi à 19h vous serez à votre gîte. »
Je remercie et avant de recommencer à marcher je m’interroge fortement. J’avais déjà vu ce raccourci sur l’iPad, mais je ne voulais pas « tricher ». Je voulais également passer par la partie boueuse qui est un sacré raccourci mais faisant partie du chemin (la variante rajoute quelques kilomètres malvenus aujourd’hui)
Donc je me suis dit que j’allais laisser la dame s’éloigner et continuer comme prévu, histoire de ne pas l’offusquer pour son conseil non suivi. Et c’est là que j’ai eu le déclic ! 1 personne rencontrée sur le chemin, elle revient une deuxième fois pour un conseil… Et le déclic c’est : « Les signes il faut savoir leur obéir. »
Et au final, à 19h tapante j’étais dans ma chambre.